Depuis le début des attaques sur le territoire national, il y a un an de cela, les enfants ukrainiens ont dû se cacher en moyenne durant 920 heures – soit plus d’un mois – sous terre. Le long de la ligne de front, dans le sud-est de l’Ukraine, les tirs ne s’arrêtent quasiment jamais. C’est ce que documente le récapitulatif de sources de données officielles.

Des enfants s'abritent pendant une alerte aérienne dans la région de Dnipro, en Ukraine, en février 2023. Dans leur maternelle, ils utilisent la cave comme abri. Les locaux souterrains sont désormais équipés pour dessiner, jouer et danser.

Au cours de l’année qui vient de s’écouler, les sirènes ont sonné 16 207 fois pour prévenir contre les attaques de missiles ou les tirs. Rien que dans la région de Kharkiv, 1700 sirènes ont retenti durant près de 1500 heures.

Les conséquences pour les enfants sont catastrophiques

Le nouveau rapport « A Heavy Toll » de Save the Children évalue cette année catastrophique pour les enfants. Il décrit les immenses dangers auxquels doivent faire face chaque jour les jeunes garçons et filles en Ukraine, le manque d’accès à l’éducation, mais aussi le stress psychologique provoqué par la violence et les déplacements. L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’une personne sur cinq soumise au conflit a de grandes chances d’être atteinte de troubles psychiques.

«De nombreux enfants ont dû assister à la destruction de leur maison et de leurs écoles et à la mort de leurs proches sous les tirs de grenades et de missiles qui n’en finissent pas», déclare Sonia Khush, directrice nationale de Save the Children en Ukraine. «Et tandis que la guerre entame sa deuxième année, ils assistent à de nouvelles vagues de violence. Les enfants n’ont pas débuté cette guerre, mais ils en paient le prix fort. Néanmoins, avec le bon soutien, les enfants font preuve d’une capacité incroyable à venir à bout de ces expériences difficiles. Nous devons leur donner cette chance.»  

De nombreux enfants ont dû assister à la destruction de leur maison et de leurs écoles et à la mort de leurs proches sous les tirs de grenades et de missiles qui n’en finissent pas.

Sonia Kush Directrice nationale, Save the Children Ukraine

Save the Children exige le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans chaque guerre. Les civiles ainsi que l’infrastructure civile telle que les écoles, les habitations et les hôpitaux doivent être protégés des attaques. Les responsables de crimes graves contre les enfants doivent répondre de leurs actes.

La guerre vue par une adolescente de 16 ans

De nombreux enfants ont raconté leur première année de guerre à Save the Children. «Nous avons tous pleuré et nous étions terrifiés», raconte Sophia*, en se rappelant le 24 février, à Kharkiv, alors qu’elle a été réveillée par les explosions et les sirènes. Ils ont été chassés à plusieurs reprises puis évacués avec huit autres enfants à Zakarpattia, dans l’extrême-ouest de l’Ukraine, où elle vit à présent chez sa grand-mère.

Bien que cette région de l’Ouest soit considérée comme l’une des plus sûres, il y a là aussi souvent des alertes aériennes, déclare Sophia. Elle passe alors généralement une heure dans la cave sombre et froide. Durant l’école, il est plus difficile de trouver un abri.

«En cas d’alarme, nous, les élèves les plus âgés, nous rendons dans le bunker de l’administration du village», raconte la jeune fille de 16 ans. «En courant, nous y sommes en cinq minutes, sinon, cela dure un quart d’heure.» Pour courir dans la cave de sa maison, elle a besoin «d’exactement 47 secondes».

Quand la guerre devient quotidienne

Il y a peu de temps, des attaques de missiles ont ébranlé Dnipro, dans l’est du pays, et détruit un immeuble, tuant 46 civiles. Svitlana*, institutrice dans une maternelle de banlieue, raconte que les sirènes antiaériennes font à présent partie du quotidien pour les 200 enfants de l’institution : «Ils s’habillent, sortent et sont dans l’abri en trois minutes.» La cave est maintenant aménagée pour qu’ils puissent y peindre, y jouer et danser. Des exercices ludiques sont censés aider les enfants à réduire le stress et à leur apprendre à se mettre immédiatement en sécurité. De plus, chaque enfant possède un sac à dos d’urgence avec de l’eau, des snacks, des vêtements chauds et son jouet préféré.

Dans les grandes villes comme Kiev, les familles sont à présent habituées à se mettre à l’abri dans les garages souterrains ou les stations de métro. Au début, beaucoup d’entre elles y installaient même des tentes. «Lorsque les avions décollent, nous nous préparons. Durant les premières journées de la guerre, j’avais peur, mais maintenant c’est devenu une routine. Chacun a son sac à dos. Nous le prenons et nous sortons», déclare Maryna*, mère de deux enfants. Sa fille de 12 ans, Olena*, décrit sa vie sous terre comme suit : «Je surfe sur mon téléphone ou je fais parfois mes devoirs. Nous sommes sous terre parce qu’on tire des missiles sur nous et que nous sommes plus en sécurité ici. C’est ennuyeux, mais c’est mieux que d’être blessé.» 

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Garages souterrains et stations de métro Dans les grandes villes comme Kiev, les familles sont à présent habituées à se mettre à l’abri dans les garages souterrains ou les stations de métro. Au début, beaucoup d’entre elles y installaient même des tentes.

SAVE THE CHILDREN SUR LE TERRAIN

Save the Children est présente en Ukraine de l’Est depuis 2014. Depuis le 24 février 2022, l’organisation de protection des enfants a fortement élargi ses interventions en Ukraine afin d’apporter une aide décisive à la survie de plus de 800 000 personnes – dont 436 500 enfants – en leur fournissant de la nourriture, de l’eau, de l’argent liquide et des locaux sûrs.

Save the Children aide également en Suisse des enfants d’Ukraine qui ont fui la guerre.