Deux semaines après l’interdiction d'emploi des femmes dans les organisations non gouvernementales décrétée par les talibans, Save the Children met en garde contre une augmentation du travail des enfants en Afghanistan. Comme les gens ne reçoivent plus d’aide, davantage d’entre eux sont désormais contraints de contribuer à la survie de leur famille en gagnant de l’argent, dans des conditions dangereuses.

Nasreen (16 ans) et sa sœur Sana (11 ans) dans leur maison en Afghanistan.

Save the Children a dû suspendre temporairement ses programmes après plus de 45 ans d’action dans le pays, car elle ne peut pas travailler de manière sûre et efficace sans forces féminines. Les femmes représentent environ la moitié des plus de 5000 collaborateurs de l’ONG en Afghanistan. Sans elles, il n’est plus possible d’atteindre surtout les filles et les femmes qui, pour des raisons culturelles, ne peuvent pas avoir de contact avec des aides masculines.

«Dans nos projets, nous aidons les filles qui exercent un travail particulièrement dangereux, par exemple dans les briqueteries, sur les chantiers de construction, en ramassant les ordures ou en mendiant dans la rue », raconte Hasina*, une collaboratrice de Save the Children chargée de la protection des enfants. « Mes collègues et moi faisons du porte-à-porte et parlons avec les filles. Nous les aidons à retourner à l’école, nous les formons à un métier ou nous les aidons avec des subventions pour qu’elles puissent créer une petite entreprise. Maintenant que ce n’est plus possible, de nombreux enfants sont renvoyés à leur misère passée.»

URGENCE HUMANITAIRE EN AFGHANISTAN

L’interdiction de l’emploi des femmes intervient alors que l’Afghanistan connaît la plus grave crise économique et alimentaire de son histoire. D’après les Nations unies, plus de 28 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. Selon une étude de l’initiative REACH, 10 % de familles en plus qu’en 2021 ont dû envoyer leurs enfants travailler l’année dernière, parce qu’elles n’avaient pas assez d’argent pour survivre autrement.

Nasreen* est l’une d’entre elles. «J’ai fait le ménage, la vaisselle, la cuisine et gardé des enfants chez d’autres personnes. Mais cela ne suffisait pas, alors j’ai dû aller mendier», raconte la jeune fille de 16 ans. «J’étais en colère et malheureuse, mais Save the Children m’a aidée. J’ai reçu des cours de lecture et d’écriture et j’apprends maintenant à broder, à coudre et à créer des vêtements». Mais suite au récent décret d’interdiction, le programme est en pause et Nasreen a très peur de l’avenir.

28 millions

de personnes en Afghanistan ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

Save the Children, en lien avec d’autres organisations internationales, demande la levée immédiate de l’interdiction et l’assurance des autorités de facto, que les employées puissent travailler en toute sécurité et sans entrave. Dans le cas contraire, cela aura un effet dévastateur sur des millions d’enfants, de femmes et d’hommes en détresse dans tout l’Afghanistan.