À l’occasion des statistiques d’asile 2023, Save the Children Suisse rappelle: quand il est question de requérant.e.s d’asile et de réfugié.e.s, il est aussi question d’enfants. En 2023, 12'466 nouvelles demandes d'asile ont été déposées par des enfants – c'est plus d'une demande sur trois en Suisse. Beaucoup de ces enfants arrivent en Europe en empruntant des routes parfois dangereuses et vivent dans des conditions précaires dans des centres d’accueil suisses.
Sur un total de 30’223 nouvelles demandes d’asile en Suisse déposées en 2023, 12’466 provenaient d’enfants. Déjà, au cours des années 2020-2022, entre un tiers et la moitié des nouvelles demandes d’asile en Suisse ont été faites par des enfants, comme le montrent les évaluations de Save the Children Suisse basées sur les statistiques d’asile du Secrétariat d’État aux migrations (SEM).
Beaucoup d’enfants vivent des expériences traumatisantes ou subissent la violence pendant leur fuite vers l’Europe. Le nouveau rapport «Hope and Harm» de Save the Children montre que plus de la moitié des enfants cherchant protection se sentent menacé.e.s lorsqu’ils.elles sont en fuite vers l’Europe. Les enfants rapportent avoir été frappé.e.s ou menacé.e.s par le personnel frontalier ou de la police ou avoir dû dormir dans les bois. Ces enfants et ces jeunes qui ont subi des pressions psychologiques ont donc besoin d’une protection particulière. Mais malgré les efforts des autorités, des organisations d’assistance et des organisations de la société civile en Suisse, l’hébergement et l’assistance dans les centres d’accueil ne satisfont généralement pas aux besoins de protection de ces enfants.
Manque d’intimité, peur et dégoût marquent le quotidien des enfants qui ont fuit leur pays
Grâce à un travail de longue haleine, l’organisation de défense des droits de l’enfant Save the Children a un aperçu de plus de 80 centres d’accueil répartis dans toute la Suisse. «Malgré les différences d’infrastructure, de lieu et de concept d’assistance, nous voyons que de nombreux centres d’accueil ont un point commun: les enfants sont très stressé.e.s», explique Nina Hössli, responsable des programmes suisses de Save the Children.
Les enfants n’ont aucune intimité. Ils.elles partagent une seule pièce avec toute leur famille ou même d’autres familles. Il n’y a pas d’endroits pour jouer ni de lieux calmes pour faire les devoirs. De plus, les enfants disent avoir peur des personnes inconnues dans l’hébergement et être dégouté.e.s par les installations sanitaires partagées avec un grand nombre de personnes. De plus, de nombreux centres d’hébergement sont si isolés qu’un contact avec d’autres enfants ou un accès à des offres d’éducation et de loisirs en dehors de l’hébergement est presque impossible.
Les expériences de Save the Children sont également confirmées par des rapports de la Commission nationale de prévention de la torture, du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies et d’équipes de recherche suisses.
Maria José (12) tient un dessin décrivant sa vie au quotidien dans un centre d’accueil suisse: «Ma famille et moi espérons pouvoir mener une vie plus calme et sans sentiment d’insécurité ici en Suisse… Nous vivons ici avec des hommes, c’est sale et nous ne nous sentons pas à l’aise.»
La photo a été prise dans le cadre de la semaine du projet “Kijuma-Magazin” de Save the Children Suisse, qui donne la parole aux enfants et aux jeunes réfugiés. © Save the Children Suisse
Les enfants souhaitent simplement mener une vie normale
Personne en Suisse ne souhaite que des enfants grandissent dans des conditions aussi précaires. Mais c’est malheureusement la réalité de nombreux enfants réfugié.e.s en Suisse. Ils.elles souhaitent simplement mener une vie normale, se rendre à l’école et faire partie de la société.
Le système d’asile suisse a atteint ses limites depuis plusieurs mois: manque de ressources financières, surmenage et fluctuation du personnel, absence d’hébergements adaptés disponibles et pénurie de personnel spécialisé dans les affaires sociales et la santé. À cause de cette situation exceptionnelle, même les mineur.e.s non accompagné.e.s ou les familles avec enfants sont actuellement logé.e.s dans des infrastructures souterraines ou des salles de congrès ou de sport détournées.
Aucune amélioration en vue
Par le biais de son travail international dans des zones de crise et de conflit, Save the Children observe les évolutions sur les routes migratoires à destination de l’Europe. En raison de la politique migratoire actuelle en Europe, les itinéraires d’exil sont de plus en plus dangereux pour les enfants. Aucune amélioration de la situation d’asile n’est en vue pour les prochains mois.
La Suisse doit s’adapter à cette réalité et proposer de toute urgence des solutions pour améliorer la situation des enfants. Un accueil durable dans des hébergements collectifs ou même dans certains cas des infrastructures souterraines n’est pas la réponse que nous devrions apporter aux enfants cherchant protection.
Nos demandes
C’est pourquoi Save the Children exige qu’aucune réduction budgétaire supplémentaire ne soit faite dans le domaine de l’asile et que les mesures de protection des enfants et de respect de leurs droits soient prises, tout comme l’exigent le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies et la CNPT. Cela implique aussi que les autorités définissent des mesures concrètes pour les mandats de prestations dans l’hébergement et l’accompagnement des familles réfugiées, qu’elles les financent et qu’elles contrôlent leur mise en œuvre. De plus, des ressources suffisantes doivent être mises à disposition pour l’embauche de personnel spécialisé.
NOTRE ENGAGEMENT EN SUISSE
Nous nous engageons depuis 2015 dans le domaine de l’asile en Suisse et soutient les centres d’accueil au niveau fédéral et cantonal dans toute la Suisse par le biais d’un hébergement sûr et adapté aux enfants et d’un accompagnement des enfants, jeunes et familles qui ont fui leur pays. L’objectif est que les requérant.e.s d’asile mineur.e.s soient protégé.e.s contre la violence et surmontent leurs traumatismes pour simplement être des enfants.