Centres de requérants dans 19 cantons ont reçu les kits d’apprentissage et de jeux
Dans quelle mesure un centre de requérants est-il sûr pour les enfants et aménagé de manière adaptée à leur âge? Dans nos projets en Suisse, nous avons repris le travail dans les centres de requérants d’asile après le confinement. Vous trouverez une interview intéressante à ce sujet
Nous avons également inclus l'aspect des coronavirus dans le contenu de nos cours de formation en formant délibérément les employés sur les activités qui peuvent être réalisées à distance ou en plein air.
Votre travail en faveur des enfants en Suisse se concentre sur les droits des enfants réfugiés. Que faut-il entendre par là ?
Une analyse des droits de l’enfant nous a permis d’identifier certains groupes spécifiques pour lesquels ces droits n’étaient pas encore suffisamment appliqués en Suisse. Les enfants réfugiés hébergés dans des centres de requérants d’asile en font partie. Forts de cette constatation, nous avons mis en oeuvre des projets pilotes de 2016 à 2018. Nous avons ainsi aménagé dans ces centres des « espaces protégés pour les enfants » que nous avons gérés nousmêmes. Ils sont adaptés aux besoins des enfants dans les lieux d’hébergement collectifs, prennent en compte l’encouragement des compétences linguistiques, créatives et cognitives des enfants et leur offrent une structure ainsi que des personnes de référence auxquels ils peuvent se confier au quotidien.
C’est aussi grâce au succès des projets pilotes de Save the Children que, depuis 2019, les « espaces protégés pour les enfants » sont désormais prescrits dans les centres de requérants d’asile. Comment pouvez-vous exploiter vos expériences ?
Notre projet pilote nous a permis de venir en aide à plus de 1000 enfants et jeunes réfugiés et nous aimerions naturellement en faire profiter d’autres ! C’est la raison pour laquelle, au terme de ces projets pilotes, nous avons développé un modèle de conseils basé sur nos expériences, et nous accompagnons aujourd’hui les organismes chargés de l’encadrement dans les centres de requérants, afin qu’ils puissent aménager des « espaces protégés pour les enfants » ainsi que créer des offres et les gérer eux mêmes. En collaborant avec ces organismes, nous aidons encore davantage d’enfants réfugiés en Suisse.
Concrètement, que fait ton équipe dans les centres
de requérants ?
Nous proposons, d’une part, d’y effectuer des analyses concernant certains aspects de la protection de l’enfant. Nous vérifions notamment quels sont les dangers pour les enfants – p. ex. le manque de rampes d’escalier ou les coins sombres. Sur cette base, nous rédigeons ensuite un rapport incluant des recommandations et offrons des conseils pour la mise en oeuvre de mesures adaptées aux enfants. Nous conseillons et accompagnons d’autre part les centres pour l’aménagement d’« espaces protégés pour les enfants » ainsi que la réalisation de programmes à leur intention.
Prochainement, nous allons lancer un projet pilote pour les parents, afin de pouvoir leur offrir également un soutien et de les renforcer dans leur rôle éducatif dans le contexte difficile d’un centre d’hébergement collectif.
La pandémie de coronavirus a-t-elle une influence sur ce travail même après la levée du confinement ?
Une certaine insécurité subsiste pour les conseils sur place, car en cas de contaminations confirmées, ils devraient être annulés à court terme. Sinon, nous avons mis au point un concept de protection dont nous discutons au préalable avec chaque centre et garantissons ainsi que les recommandations fondamentales en matière de sécurité sont respectées. Nous avons également intégré la question du coronavirus dans le contenu de nos formations: nous enseignons ainsi aux collaboratrices et collaborateurs des activités qui peuvent être réalisées avec suffisamment de distance ou à l’air libre.
Dans quelle mesure les enfants et les jeunes réfugiés sont-ils directement impliqués dans votre travail ?
Pour arriver à une amélioration générale et durable de la situation des enfants réfugiés en Suisse, nous travaillons étroitement avec d’autres organismes, p. ex. dans le cadre du rapport participatif sur les enfants. Pour cela, nous réalisons des ateliers avec des enfants et des jeunes sur le thème des droits de l’enfant – ainsi pouvons-nous également garantir que nos offres correspondent à leurs besoins.
Des ateliers sur le thème des droits de l’enfant pour
les jeunes réfugiés
En 2020, la Suisse doit rendre compte de la mise en oeuvre des droits de l’enfant sur son territoire auprès du Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Différentes organisations de défense des droits de l’enfant vont, pour la première fois, également établir leur propre « Rapport participatif sur les droits de l’enfant », dans lequel des enfants et des jeunes expriment leur opinion sur l’application de ces droits en Suisse. Save the Children Suisse rassemble pour cela les voix d’enfants et de jeunes réfugiés lors d’ateliers dans les centres de requérants d’asile cantonaux et de structures d’hébergement pour les mineurs non accompagnés. Dès qu’il sera achevé, le rapport sera présenté au Comité des droits de l’enfant de l’ONU et au monde politique suisse.
SUISSE : offres pour des enfants réfugiés – même durant la crise corona
Le soutien des enfants réfugiés constitue l’une des priorités de notre programme d’activités en Suisse. Nous nous engageons pour que les centres de requérants d’asile soient aménagés de manière à répondre aux besoins des enfants. Nous conseillons notamment les organisations qui les gèrent pour l’installation d’espaces protégés à leur intention et la préparation d’une offre d’activités ludiques et pédagogiques pour les enfants et les jeunes.
Les familles que nous hébergeons passent beaucoup de temps dans le centre et aux alentours ; pendant la période de confinement et d`interdiction des visites, en particulier, les kits d`apprentissage ont été d`une grande utilité et fort appréciés.
Impressions de notre projet pilote « Espace protégé pour les enfants » à Berne
récit d’une éducatrice :
Razan, une petite Syrienne de 10 ans, et ses deux frère et soeur ont fréquenté pendant trois mois l’espace réservé aux enfants à Berne. Razan a rapidement appris quelques mots d’allemand, certains rites au sein du groupe et des chansons. Elle a montré avec fierté cet espace à de nouveaux enfants et les a intégrés dans des jeux et des travaux de bricolage. Nous avons pu voir comment cette fillette timide s’est véritablement épanouie et s’est imprégnée d’un sentiment de sécurité et de sollicitude.
Le jour de son départ, Razan nous a offert ce cadeau qu’elle avait préparé elle-même et nous a remerciés pour tout ce qu’elle avait pu vivre et apprendre ces derniers mois – p. ex. comment plier un carton.
Les enfants n’ont pas seulement besoin d’enseignants, mais de parents qui les soutiennent. Nous n’en avions pas l’occasion, à cause de la guerre. Maintenant que nous sommes dans un pays pacifique, j’investirai plus de temps pour les enfants. Merci de votre patience et du temps que vous nous avez accordé.